J'ai dans la tête un vieux banjo
De mil neuf cent vingt-cinq
Un vieux banjo qui s'grattait l'dos
En regardant Chaplin
Dans un cinoche
Où y avait d'la brebis
Qui s'effiloche
Dans les fouilles à sam'di
Ce banjo-là donnait le la
De mil neuf cent vingt-cinq
Mais ce la-là n'était plus là
Y avait même plus Chaplin
Dans l'vieux ciné
Où j'suis r'passé
Comme les souv'nirs
Qui veulent rien dire
Comme disait rien
L'ciné muet
Qu'est comme les chiens
Mais qui causait
Monsieur mon passé,
Voulez-vous passer ?
J'ai comme une envie
D'oublier ma vie
Si j'avais à faire
Ma vie à l'envers
C'est vous, mon passé,
Qui m'verriez passer
J'ai dans la tête un vieux guignol
De mil neuf cent vingt-cinq
Un vieux guignol où pour deux sols
On jouait des tas d'machins
Dans un trucmuche
Où y avait pas d'vertu
Et d'la paluche
En voilà, en veux-tu,
Ce vieux guignol où, ma parole,
En mil neuf cent vingt-cinq
On f'sait joujou à l'entresol
Histoire de prendre du grain
A disparu
Au fond d'ma rue
Comme disparaît
Tout mon passé
Comme passent hélas
Les vieilles passions
Pour faire la place
A ma chanson
Monsieur mon passé,
Laissez-moi passer
J'ai comme un rencard
Qui me rend bizarre
Comme les gens pressés
Qui n'veulent pas causer
Pour pas faire d'histoire
On chang'ra d'trottoir
J'ai dans la tête un je n'sais plus
De mil neuf cent vingt-cinq
Un je n'sais plus qui continue
A faire tourner l'moulin
Dans l'bric à brac
Où s'fabriquent les idées
Qui font des couacs
Chaque fois qu'on veut s'rapp'ler